Par Heloa, le 3 décembre 2025

Constipation post-partum : causes, symptômes et solutions

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Une femme détendue buvant un grand verre d'eau dans son salon, geste essentiel pour soulager la constipation post-partum.

La constipation post-partum bouscule souvent les premiers jours avec un bébé. Le corps se remet tout juste de la grossesse, le périnée est sensible, la fatigue est intense… et au moment d’aller aux toilettes, tout semble bloqué. Vous vous demandez peut-être si c’est normal, combien de temps cela peut durer, ou encore ce que vous pouvez faire sans risquer d’abîmer vos cicatrices ni gêner l’allaitement. L’objectif est double : soulager les symptômes (douleurs, ballonnements, hémorroïdes) et protéger votre récupération globale, physique et émotionnelle, avec des explications claires et des solutions concrètes.

Comprendre la constipation post-partum

Définition : à partir de quand parle-t-on de constipation post-partum ?

La constipation post-partum correspond à des selles peu fréquentes, dures, difficiles ou douloureuses à évacuer dans les jours ou semaines suivant l’accouchement. Sur le plan médical, on parle de constipation lorsqu’il y a généralement :

  • moins de trois selles par semaine ,
  • un besoin de pousser fort pour évacuer ,
  • la sensation de ne pas être complètement soulagée après la selle.

La particularité ici, c’est le contexte : tout juste après la naissance, le transit intestinal est ralenti et la région du bassin est fragile. Le corps réagit en même temps à la chute hormonale, à la douleur périnéale, à la fatigue et parfois à une chirurgie (césarienne).

On distingue ainsi :

  • une constipation post-partum fréquente, transitoire, liée au bouleversement hormonal, à la douleur, aux médicaments, qui se résout en quelques jours à quelques semaines ,
  • une constipation plus sévère, quand la douleur est très forte, durable, ou qu’apparaissent des complications comme la fissure anale, des hémorroïdes volumineuses, un fécalome (bouchon de selles très dures) ou une fièvre.

Dans ce second cas, une consultation rapide est indispensable.

En quoi la constipation post-partum est-elle spécifique ?

Sur le plan physiologique, les mécanismes sont proches de la constipation habituelle : ralentissement du transit, selles plus sèches, difficulté à pousser. Mais la période post-partum ajoute plusieurs éléments très particuliers :

  • une chute brutale de certaines hormones (progestérone, œstrogènes) qui modifie la motricité intestinale ,
  • un plancher pelvien étiré, parfois incisé (épisiotomie) ou traumatisé par une déchirure ,
  • des hémorroïdes souvent apparues ou aggravées durant la grossesse et l’accouchement ,
  • une cicatrice de césarienne ou d’épisiotomie qui fait craindre l’effort de poussée ,
  • des médicaments constipants (antalgiques morphiniques, suppléments de fer, certains anti-nauséeux).

Résultat : les signaux d’envie de selle peuvent être là, mais la peur de la douleur ou de « tirer sur les points » pousse à retenir, ce qui assèche encore plus les selles. Un véritable cercle vicieux.

Causes et mécanismes : ce qui se passe dans le corps après l’accouchement

Bouleversement hormonal et transit intestinal

Pendant la grossesse, la progestérone ralentit déjà l’activité de l’intestin. Après l’accouchement, la chute hormonale n’est pas instantanément compensée : le transit reste donc lent quelques jours, parfois plusieurs semaines. L’ocytocine, sécrétée en grande quantité pendant l’allaitement, peut aussi agir indirectement sur le système digestif via le système nerveux autonome (le réseau de nerfs qui pilote les organes internes).

Le résultat est simple à vivre, mais complexe biologiquement : l’intestin avance plus lentement, l’eau est davantage réabsorbée par la paroi intestinale, les selles deviennent plus dures et plus volumineuses.

Périnée, douleur et appréhension

Le périnée (ensemble de muscles qui soutiennent l’utérus, la vessie et le rectum) a un rôle central lors de la défécation. Pour bien évacuer les selles, il doit :

  • se relâcher au bon moment ,
  • s’accorder avec la poussée abdominale et la respiration ,
  • laisser le canal anal s’ouvrir sans résistance.

Après un accouchement par voie basse, ce périnée a été étiré, parfois incisé (épisiotomie) ou suturé après une déchirure. Après une césarienne, la paroi abdominale est douloureuse, les gaz sont parfois bloqués, et chaque mouvement peut sembler tirailler la cicatrice. Dans ces conditions :

  • la moindre douleur lors d’une tentative de selle peut entraîner un réflexe de protection ,
  • la personne se retient, repousse le moment d’aller aux toilettes ,
  • les selles stagnent dans le côlon, s’assèchent et deviennent encore plus difficiles à expulser.

Vous vous demandez peut-être : « Et si mes points lâchent ? ». En réalité, les sutures sont prévues pour résister, mais la peur reste très fréquente, et cette appréhension suffit souvent à bloquer la relaxation du périnée.

Médicaments, fatigue et rythme de vie post-partum

Plusieurs facteurs s’additionnent :

  • antalgiques opioïdes (morphine, dérivés) : diminuent la mobilité de l’intestin ,
  • suppléments de fer : modifient la consistance des selles, les rendant plus sèches et foncées ,
  • allongements prolongés, marche limitée les premiers jours ,
  • stress, nuits hachées, charge mentale élevée.

Le système nerveux entérique (le « cerveau de l’intestin ») est très sensible à ces influences. Quand le corps est en mode survie et adaptation à un nouveau-né, il a tendance à ralentir ce qui n’est pas prioritaire immédiat… dont l’évacuation des selles.

Alimentation, hydratation et microbiote intestinal

Durant le post-partum, les repas sont parfois pris à la va-vite. On mange moins de légumes, moins de fruits, plus de produits rapides. L’alimentation riche en fibres diminue, l’hydratation est irrégulière. Tout cela assèche les selles.

En parallèle, le microbiote intestinal (la flore de bactéries présentes dans l’intestin) peut être perturbé par :

  • une antibiothérapie en fin de grossesse, pendant l’accouchement ou en post-partum ,
  • un changement brutal de rythme et de composition des repas.

Un microbiote moins diversifié est souvent associé à un transit plus lent. Les aliments riches en fibres, les produits fermentés et une alimentation variée contribuent à restaurer une flore plus équilibrée.

Symptômes et conséquences : comment se manifeste la constipation post-partum ?

Signes digestifs les plus fréquents

La constipation post-partum se traduit par plusieurs symptômes digestifs possibles :

  • selles rares (moins de trois par semaine) ,
  • selles dures, en petites « billes », ou au contraire très volumineuses ,
  • sensation de blocage lors de la défécation ,
  • impression de ne pas avoir vidé complètement le rectum ,
  • ballonnements, ventre gonflé, gaz difficiles à évacuer ,
  • crampes ou douleurs abdominales diffuses.

Ces troubles peuvent rester modérés ou devenir très douloureux, au point de redouter chaque passage aux toilettes.

Hémorroïdes, fissure anale et douleurs locales

La constipation post-partum peut :

  • provoquer des hémorroïdes internes (à l’intérieur du canal anal) ou externes (autour de l’anus), souvent sensibles, parfois avec démangeaisons et petits saignements ,
  • entraîner une fissure anale : une petite déchirure de la muqueuse de l’anus, qui donne une douleur très vive, souvent décrite comme une brûlure ou une déchirure au moment de la selle, parfois suivie d’un filet de sang rouge vif sur le papier ,
  • irriter la région anale au point de gêner la position assise, l’allaitement ou le port du bébé.

Plus la douleur est forte, plus la tentation de retenir les selles est grande, et plus la constipation s’aggrave : le cercle vicieux se renforce.

Impact sur le quotidien et le moral

La douleur digestive ou anale s’ajoute à tout le reste : cicatrices, fatigue, adaptation au bébé. Aller aux toilettes peut devenir une source d’angoisse. Certaines mères limitent leurs déplacements par peur d’un épisode douloureux ou d’une impossibilité d’accès à des toilettes adaptées.

À la longue, cela peut :

  • majorer la fatigue ,
  • altérer le sommeil ,
  • réduire la disponibilité mentale vis-à-vis du bébé ,
  • diminuer la confiance dans sa propre capacité à « récupérer » après l’accouchement.

Prendre en charge la constipation post-partum, c’est aussi alléger cette charge émotionnelle.

Complications possibles en cas de constipation sévère

Lorsque la constipation se prolonge ou devient très intense, plusieurs complications peuvent apparaître :

  • fissure anale chronique, plus longue à cicatriser ,
  • hémorroïdes thrombotiques ou très volumineuses ,
  • fécalome : amas de selles très dures bloqué dans le rectum, parfois associé à des fuites de selles liquides autour du bouchon ,
  • retard de cicatrisation d’une épisiotomie, d’une déchirure ou d’une cicatrice de césarienne, en raison des efforts importants de poussée.

Ces situations requièrent une prise en charge médicale rapide, parfois avec des gestes locaux (lavement, extraction du fécalome) et une adaptation globale du traitement.

Constipation post-partum, périnée et plancher pelvien

Le rôle du périnée dans le passage des selles

Le plancher pelvien forme un véritable hamac musculaire. Il soutient la vessie, l’utérus et le rectum, et contrôle l’ouverture et la fermeture de l’anus. Lors d’une défécation efficace :

  • le sphincter anal se relâche ,
  • le périnée descend légèrement ,
  • les abdominaux exercent une poussée douce ,
  • la respiration reste fluide, sans blocage.

En post-partum, ce système peut être perturbé :

  • périnée douloureux, tendu, difficile à relâcher ,
  • au contraire, périnée très distendu, avec sensation de « vide », fuites de gaz ou difficultés à percevoir l’arrivée des selles ,
  • coordination abdominaux/périnée altérée, surtout après un accouchement instrumentalisé ou une césarienne.

Dans ces cas, la rééducation périnéale joue un rôle important.

Soins locaux : apaiser pour mieux aller à la selle

Quelques mesures locales simples peuvent déjà améliorer le confort :

  • bains de siège tièdes quelques minutes, une à plusieurs fois par jour, pour soulager la douleur et favoriser le relâchement musculaire ,
  • nettoyage doux à l’eau (peribouteille, douchette) plutôt que papier sec, surtout en cas de fissure ou d’hémorroïdes ,
  • compresses froides de courte durée en cas d’hémorroïdes très inflammées ,
  • utilisation, sur avis médical, de crèmes ou suppositoires spécifiques (anti-inflammatoires locaux, protecteurs, anesthésiques légers).

Moins la douleur est intense, plus il devient facile de respecter l’envie d’aller à la selle sans se retenir.

Rééducation périnéale et thérapie physique

La rééducation périnéale ne consiste pas seulement à « renforcer » le périnée. L’objectif est aussi :

  • de réapprendre à relâcher correctement les muscles au bon moment ,
  • de coordonner respiration, abdominaux et périnée ,
  • de corriger les postures qui augmentent la pression sur le rectum.

Une sage-femme ou un kinésithérapeute spécialisé peut :

  • évaluer le tonus (trop faible, trop fort, asymétrique) ,
  • proposer des exercices de contraction/relâchement guidés, parfois avec biofeedback ,
  • travailler sur la position aux toilettes et la façon de pousser (petite poussée à l’expiration, sans blocage du souffle) ,
  • soulager les douleurs de cicatrice (épisiotomie, déchirure, césarienne).

Intégrer la constipation post-partum dans ce travail permet souvent de réduire nettement l’appréhension liée à la défécation.

Alimentation, hydratation et remèdes naturels

Adapter l’alimentation pour soutenir le transit

Une alimentation riche en fibres aide à retenir l’eau dans les selles, les rendant plus souples. Les fibres augmentent aussi le volume du contenu intestinal, ce qui stimule le réflexe d’évacuation. Les sources intéressantes sont :

  • fruits frais, idéalement avec la peau si elle est comestible (pomme, poire, prune, kiwi) ,
  • légumes variés : verts (épinards, brocoli), racines (carotte), tiges (poireau), courgettes ,
  • céréales complètes : pain complet, riz complet, flocons d’avoine, pâtes complètes ,
  • légumineuses (si elles sont bien tolérées) : lentilles, pois chiches, haricots rouges ou blancs ,
  • petites quantités d’oléagineux : amandes, noix, noisettes.

L’apport en fibres doit augmenter progressivement pour limiter les gaz. Une assiette type peut être :

  • environ la moitié en légumes ,
  • un quart en féculents complets ,
  • un quart en protéines (œufs, poisson, viande, tofu, légumineuses), avec un fruit en dessert.

Hydratation et boissons utiles après l’accouchement

Sans eau, les fibres ne jouent pas leur rôle. L’hydratation est donc centrale dans la prise en charge de la constipation post-partum :

  • viser en général autour de 2,5 à 3 litres de liquides par jour (eau, tisanes, bouillons), davantage en cas d’allaitement exclusif, en adaptant selon la soif et les recommandations médicales ,
  • répartir les apports tout au long de la journée plutôt que boire beaucoup d’un seul coup.

Certaines boissons peuvent stimuler naturellement le transit :

  • eau tiède ou chaude le matin, qui active le réflexe gastro-colique (réflexe d’activation de l’intestin après l’ingestion d’un liquide) ,
  • tisanes digestives douces (fenouil, verveine, mélisse), si elles sont compatibles avec l’allaitement ,
  • café, pour celles qui le tolèrent bien, en quantité modérée.

Microbiote, probiotiques et aliments fermentés

Le microbiote intestinal participe à la régulation du transit, à la digestion des fibres et même à la modulation de l’inflammation locale. Pour le soutenir :

  • consommer des produits laitiers fermentés avec ferments vivants (yaourts, laits fermentés) ,
  • intégrer progressivement, si c’est dans vos habitudes, des aliments fermentés comme le kefir, le miso, le tempeh ou la choucroute crue en petites quantités ,
  • limiter les aliments ultra-transformés très riches en sucres ajoutés et en graisses saturées, qui peuvent accentuer les ballonnements.

Certaines personnes se tournent vers des probiotiques sous forme de compléments. Pendant l’allaitement, il est important de choisir des souches validées et de suivre un avis médical, car tous les produits ne se valent pas.

Remèdes naturels et gestes du quotidien

Plusieurs astuces simples peuvent soutenir la gestion de la constipation post-partum :

  • pruneaux ou jus de pruneaux : riches en fibres et en sorbitol (un sucre ayant un effet laxatif doux) ,
  • graines de lin moulues (et non entières), 1 à 2 cuillères à soupe par jour, toujours accompagnées d’un grand verre d’eau pour éviter un effet bouchon ,
  • activité physique douce : marche quotidienne, même courte, avec ou sans poussette, favorisant la mobilisation intestinale ,
  • massages abdominaux doux, dans le sens des aiguilles d’une montre, en restant très prudent autour d’une cicatrice de césarienne.

Ces mesures sont à introduire progressivement, en observant comment votre corps réagit.

Médicaments, laxatifs et compatibilité avec le post-partum

Quand envisager un traitement médicamenteux ?

Un traitement médicamenteux se discute lorsque :

  • les adaptations alimentaires, l’hydratation et le mouvement n’apportent pas de soulagement suffisant ,
  • les selles restent très dures et douloureuses ,
  • il faut protéger une cicatrice périnéale ou une cicatrice de césarienne d’efforts de poussée importants ,
  • les selles n’ont pas repris après plusieurs jours.

L’objectif est alors de ramollir les selles, de faciliter leur progression et de diminuer la douleur.

Les principaux types de laxatifs

Plusieurs catégories de laxatifs sont utilisées dans la constipation post-partum :

  • Laxatifs émollients (par exemple le docusate)
    Ramollissent les selles en augmentant leur teneur en eau. Souvent proposés en cas de douleur périnéale importante, car ils limitent le besoin de pousser.

  • Laxatifs osmotiques (comme le lactulose ou certains polyéthylène-glycols)
    Attirent l’eau dans la lumière intestinale, augmentent le volume des selles et facilitent leur évacuation. L’effet est progressif.

  • Laxatifs de lest (psyllium, ispaghul)
    Apportent des fibres supplémentaires qui gonflent au contact de l’eau. Nécessitent une hydratation abondante. Ils peuvent être utiles, mais doivent être introduits prudemment, surtout en cas de transit très ralenti.

  • Laxatifs stimulants (sennosides, bisacodyl)
    Agissent directement sur la paroi intestinale pour augmenter la motricité. Ils sont plutôt réservés à des situations ponctuelles, sur une durée courte et avec avis médical.

  • Suppositoires et micro-lavements
    Proposés pour débloquer une situation très inconfortable quand les selles sont dans le rectum mais n’arrivent pas à sortir. Ils agissent de façon locale et relativement rapide.

Le choix du produit dépend :

  • du type d’accouchement ,
  • de l’existence de lésions périnéales ,
  • des médicaments associés ,
  • de l’existence ou non d’un allaitement.

Constipation post-partum et allaitement

La constipation post-partum est particulièrement fréquente chez les mères qui allaitent, car :

  • les besoins hydriques augmentent ,
  • la fatigue est souvent plus marquée ,
  • la chute hormonale et la sécrétion d’ocytocine modifient l’équilibre digestif.

La plupart des laxatifs émollients et certains laxatifs osmotiques sont considérés comme compatibles avec l’allaitement, mais chaque situation doit être appréciée individuellement. Les plantes laxatives fortes (comme certains dérivés de séné) ou les compléments « naturels » non contrôlés peuvent passer dans le lait et ne sont pas toujours adaptés.

Demander conseil à un professionnel formé en allaitement (sage-femme, médecin, pharmacien référent) permet d’opter pour le traitement le plus adapté.

Médicaments constipants et précautions

Certains médicaments sont connus pour aggraver la constipation post-partum :

  • suppléments de fer donnés en cas d’anémie ,
  • antalgiques opioïdes ,
  • certains traitements gastro-intestinaux ou neurologiques.

Il est parfois possible de :

  • adapter la dose de fer, ou de changer de forme (par exemple une forme mieux tolérée) ,
  • ajuster progressivement les antalgiques une fois la douleur mieux contrôlée ,
  • ajouter un laxatif doux préventif tant que le traitement constipant est nécessaire.

Les tisanes laxatives vendues en pharmacie ou en herboristerie ne sont pas anodines : elles contiennent parfois des plantes stimulantes puissantes. Un avis médical reste important avant toute prise régulière.

Prévenir et soulager la constipation post-partum au quotidien

Agir dès la maternité et au retour à la maison

Dès les premiers jours, quelques réflexes peuvent limiter la constipation post-partum :

  • boire régulièrement, par petites quantités, dès le réveil ,
  • se lever et marcher dès que l’équipe soignante l’autorise, même quelques minutes dans le couloir ,
  • ajuster la prise d’antalgiques pour garder une douleur supportable, afin de pouvoir se mobiliser ,
  • exprimer ses craintes concernant la première selle à la sage-femme ou au médecin pour mettre en place rapidement des mesures adaptées.

Posture, respiration et habitudes aux toilettes

La manière d’aller aux toilettes compte autant que le contenu de l’assiette. Quelques repères pratiques :

  • respecter l’envie : aller aux toilettes dès que le besoin se fait sentir, sans attendre la fin d’une tétée ou l’arrivée d’un proche, autant que possible ,
  • s’installer avec les genoux légèrement plus hauts que les hanches (petit tabouret sous les pieds), ce qui rapproche la position d’accroupissement, plus physiologique pour le rectum ,
  • pencher légèrement le buste vers l’avant, en gardant le dos relâché ,
  • respirer profondément, et pousser seulement en expirant, comme si l’on soufflait dans une paille, sans bloquer la respiration ,
  • ne pas rester assise très longtemps à forcer : si rien ne vient, il vaut mieux se lever, bouger un peu, boire, et réessayer plus tard.

Organisation du quotidien pour soutenir le transit

Avec un nouveau-né, il est difficile de mettre sa santé en première position. Pourtant, quelques ajustements peuvent faire la différence :

  • préparer ou demander à l’entourage de préparer des collations faciles à attraper : fruits frais, fruits secs, céréales complètes, pain complet, yaourts ,
  • garder une bouteille d’eau près du lit, du canapé ou du fauteuil d’allaitement ,
  • programmer de courtes marches quotidiennes, même uniquement autour de l’immeuble ,
  • adapter l’activité physique en fonction de l’existence d’une césarienne, d’une grande déchirure ou d’une épisiotomie, toujours en coordination avec l’équipe médicale.

Plan d’action en cas de constipation déjà installée

Lorsque la constipation post-partum est déjà présente, un plan progressif peut aider :

  1. Hydratation : augmenter les apports en eau et boissons non sucrées réparties sur la journée.
  2. Fibres : réintroduire progressivement des légumes, fruits, céréales complètes , ajouter pruneaux ou graines de lin moulues si bien tolérés.
  3. Mouvement : maintenir une activité douce quotidienne (marche, étirements approuvés par le médecin).
  4. Soins locaux : bains de siège, crèmes adaptées, adaptation de la position aux toilettes.
  5. Traitement médicamenteux : si la situation ne s’améliore pas, consulter pour un laxatif adapté, parfois associé à un suppositoire ou un micro-lavement.
  6. Consultation rapide : en cas de douleurs très fortes, de sang dans les selles, de fièvre ou de suspicion de fécalome, ne pas attendre.

Constipation post-partum : quand consulter ?

Signes d’alerte

Certains signes doivent amener à consulter sans tarder :

  • absence totale de selles plus de 4 jours après l’accouchement, surtout si les gaz ne passent plus ,
  • douleurs abdominales intenses, ventre très tendu, nausées ou vomissements ,
  • saignement anal important ou sang mélangé aux selles ,
  • fièvre, frissons, malaise général ,
  • douleurs périnéales ou de cicatrice qui augmentent au lieu de diminuer ,
  • sensation de « bouchon » rectal avec fuites de selles liquides autour, évocatrice de fécalome.

Vers qui se tourner ?

Plusieurs professionnels peuvent intervenir :

  • sage-femme (à la maternité ou en visite à domicile) ,
  • médecin généraliste ,
  • gynécologue-obstétricien ,
  • gastro-entérologue en cas de troubles digestifs importants ou anciens ,
  • kinésithérapeute spécialisé en plancher pelvien pour la partie fonctionnelle et la rééducation.

Préparer la consultation en notant :

  • la date des dernières selles ,
  • leur consistance (très dures, fragmentées, volumineuses) ,
  • la présence de sang, de douleurs anales ou abdominales ,
  • la liste des médicaments en cours (fer, antalgiques, autres traitements).

À retenir

  • La constipation post-partum est extrêmement fréquente et liée à un ensemble de facteurs : hormones, ralentissement du transit, médicaments, douleur périnéale, fatigue, modifications du microbiote.
  • Les principaux symptômes sont les selles rares et dures, les douleurs à la selle, le ventre gonflé, les ballonnements, parfois des fissures anales ou des hémorroïdes.
  • Une alimentation variée et riche en fibres, associée à une bonne hydratation et à une activité physique douce, constitue la base de la prise en charge.
  • Les soins du périnée (bains de siège, crèmes adaptées, position aux toilettes, rééducation périnéale) sont essentiels pour réduire la douleur et restaurer un fonctionnement harmonieux du plancher pelvien.
  • Des laxatifs adaptés, compatibles avec le post-partum et l’allaitement, peuvent être nécessaires si les mesures hygiéno-diététiques ne suffisent pas.
  • En cas de douleurs intenses, de sang dans les selles, de fièvre, de ventre très tendu ou d’absence prolongée de selles, une consultation médicale rapide est indispensable.

Pour aller plus loin et bénéficier de conseils personnalisés, de rappels santé et de questionnaires gratuits pour le suivi de vos enfants, il est possible de télécharger l’application Heloa. Elle peut constituer un soutien complémentaire pour mieux traverser la période post-partum et organiser le suivi de la santé de toute la famille.

Les questions des parents

Combien de fibres faut-il viser par jour et quelles sources privilégier ?

En général, viser environ 25–30 g de fibres par jour est un bon repère pour la plupart des femmes après l’accouchement. Plutôt que des chiffres abstraits, pensez en portions simples : un fruit, une grande portion de légumes à chaque repas, une portion de céréales complètes (pain complet, riz complet, flocons d’avoine) et une poignée de légumineuses ou de noix dans la semaine. Des gestes pratiques : un bol de flocons d’avoine au petit‑déjeuner, une salade ou des légumes cuits au déjeuner, et des légumineuses ou du riz complet au dîner. Augmentez les fibres progressivement sur plusieurs jours pour limiter les gaz et les ballonnements, et accompagnez toujours d’une hydratation suffisante (un grand verre d’eau à chaque prise de fibres).

La constipation de la mère peut-elle affecter l’allaitement ou le bébé ?

Rassurez‑vous : la constipation elle‑même n’altère pas la qualité du lait ni ne nuit directement au bébé. En revanche, elle peut impacter le bien‑être de la mère — douleur, inconfort, fatigue, inquiétude — et cela peut rendre les tétées plus compliquées (position inconfortable, moins d’énergie ou de disponibilité mentale). Autre point important : certains médicaments ou plantes pris pour soulager la constipation peuvent passer dans le lait. Pour limiter les risques, privilégiez d’abord les mesures alimentaires, l’hydratation et le mouvement, et demandez un avis médical avant d’introduire un traitement médicamenteux ou une plante laxative.

Les tisanes laxatives sont‑elles sûres pendant l’allaitement ?

Certaines infusions douces (fenouil, verveine, menthe) sont généralement bien tolérées en petite quantité. En revanche, les tisanes contenant des plantes laxatives stimulantes (séné, cascara, rhubarbe, aloes, etc.) sont déconseillées en usage régulier car leurs principes actifs peuvent être puissants et passer dans le lait. Plutôt que les tisanes stimulantes, il est souvent plus sûr d’essayer des solutions comme les fibres alimentaires, le jus de pruneaux, les graines de lin moulues (avec beaucoup d’eau) ou, si nécessaire, des laxatifs recommandés par un professionnel (par exemple des émollients ou certains osmotiques). En cas de doute, n’hésitez pas à demander conseil à une sage‑femme, un médecin ou un pharmacien spécialisé en allaitement.

Un bol de flocons d'avoine avec des pruneaux et du kiwi sur une table en bois, aliments riches en fibres pour combattre la constipation post-partum.

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