Par Heloa, le 23 novembre 2025

Monitoring grossesse : surveillance et interprétation

29 minutes
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Une femme enceinte allongée avec une ceinture de monitoring grossesse sur le ventre

Vous entendez parler de « monitoring grossesse », de tracé, de rythme cardiaque du bébé, et vous vous demandez ce que tout cela signifie concrètement pour vous, pour votre accouchement, pour la santé de votre enfant. Est ce que le monito est un filet de sécurité rassurant ou une source d’angoisse supplémentaire. Comment savoir si un tracé est plutôt rassurant ou s’il doit conduire l’équipe à intervenir plus vite. L’objectif est simple à formuler mais plus subtil à mettre en pratique. Comprendre à quoi sert le monitoring grossesse, à quels moments il est proposé, ce que l’équipe surveille vraiment et comment les décisions sont prises à partir de ces enregistrements.

Au fil des sections, vous allez voir comment le monitoring grossesse s’intègre dans la surveillance prénatale, quelles sont les situations où il devient particulièrement utile, comment il se déroule techniquement, comment les soignants lisent les courbes et adaptent leur conduite, quels bénéfices sont démontrés par les études scientifiques, mais aussi quelles limites existent. L’idée n’est pas de vous transformer en spécialiste, mais de vous donner suffisamment de repères pour dialoguer sereinement avec la sage femme ou le médecin, poser des questions claires et faire des choix éclairés en fonction de votre contexte.


Monitoring grossesse : définitions et enjeux

Définition du monitoring grossesse et du monitoring fœtal

Le terme monitoring grossesse recouvre tout un ensemble d’examens qui permettent de suivre l’état de santé de la mère et du bébé pendant la fin de grossesse et l’accouchement. Quand les soignants parlent plus précisément de monitoring fœtal, ils ciblent surtout l’enregistrement du cœur du bébé et des contractions de l’utérus, à l’aide de capteurs posés sur le ventre ou parfois à l’intérieur.

L’outil de référence est la cardiotocographie (CTG). Cet appareil enregistre sur deux lignes distinctes

  • en haut, la courbe du rythme cardiaque fœtal
  • en bas, la courbe des contractions utérines et du tonus de base de l’utérus

Cet enregistrement peut être fait en fin de grossesse, avant le début du travail, ou pendant le travail. On parle alors de monitoring ante partum ou intrapartum. Il peut être externe, avec des capteurs sur la peau du ventre, ou interne, avec un petit capteur au contact direct du bébé ou une sonde fine à l’intérieur de l’utérus, uniquement dans des circonstances bien particulières.

Objectifs pour le suivi maternel et fœtal

Pour la mère, le monitoring grossesse ne vient jamais seul. Il s’inscrit dans un suivi global où l’on vérifie la tension artérielle, les analyses de sang et d’urines, la fréquence et l’efficacité des contractions, la tolérance à la douleur, les effets éventuels de certains médicaments comme l’ocytocine ou la péridurale.

Pour le bébé, les objectifs sont très ciblés

  • apprécier son bien être fœtal, c’est à dire sa capacité à rester correctement oxygéné
  • observer comment il supporte les contractions, la fin de grossesse, un déclenchement
  • repérer à temps des signes pouvant faire penser à une souffrance fœtale, que les soignants appellent parfois détresse fœtale
  • aider l’équipe à décider de la meilleure stratégie, par exemple continuer à surveiller tranquillement, déclencher l’accouchement, ou accélérer la naissance par césarienne ou par extraction instrumentale

Le tracé n’est jamais interprété isolément. Il est toujours mis en relation avec les mouvements du bébé ressentis par la mère, l’aspect du liquide amniotique, la tension maternelle, les résultats des échographies, le contexte de grossesse à risque ou non. Un tracé légèrement inhabituel dans un contexte rassurant n’a pas la même signification qu’un tracé moyen dans une situation déjà fragile.

Différences entre monitoring et auscultation intermittente

Deux approches coexistent pendant le travail et parfois en fin de grossesse.

  • L’auscultation intermittente. Le cœur du bébé est écouté régulièrement avec un Doppler fœtal portatif ou un fœtoscope. L’écoute est répétée à intervalles rapprochés, par exemple toutes les quinze ou trente minutes en début de travail, puis plus souvent. Cette méthode convient très bien dans une grossesse à bas risque, avec un travail qui progresse normalement. Elle laisse davantage de mobilité, permet de marcher, de varier les positions, de s’installer dans l’eau si la maternité le permet.

  • Le monitoring continu. Les capteurs restent en place et le tracé s’enregistre en continu sur l’écran ou sur le papier. L’équipe obtient beaucoup plus d’informations en temps réel, ce qui devient précieux en cas de déclenchement, d’antécédent de césarienne, de RCIU, de diabète, d’hypertension, de grossesse gémellaire, de liquide teinté, bref dès que la situation se complique. En revanche, les grandes études montrent que chez les femmes à faible risque, un monitoring continu systématique ne diminue pas franchement la mortalité des bébés par rapport à l’auscultation intermittente, mais augmente la fréquence des césariennes et des extractions instrumentales.

Pour certains parents, voir le tracé en direct est très rassurant. Pour d’autres, chaque variation devient source d’angoisse. Rien n’empêche de demander à l’équipe d’expliquer ce qui apparaît sur l’écran, voire de baisser un peu le son si le bruit des battements vous tend.


Quand faire un monitoring

Indications ante partum

En dehors du travail, le monitoring grossesse est surtout proposé lorsqu’un facteur de risque est identifié ou qu’un doute existe sur le confort du bébé. Par exemple

  • impression de mouvements fœtaux moins fréquents, plus faibles ou très différents
  • antécédents obstétricaux lourds comme mort fœtale in utero, prééclampsie sévère, hémorragie grave
  • diabète gestationnel ou diabète existant avant la grossesse
  • hypertension artérielle, préeclampsie
  • suspicion de retard de croissance intra utérin (RCIU) à l’échographie
  • anomalies placentaires, comme placenta praevia ou insertion anormale
  • grossesse multiple avec partage de placenta ou grande différence de croissance
  • grossesse prolongée, au delà du terme prévu, ce que l’on appelle post terme

En fin de grossesse, juste avant un déclenchement, un monitoring grossesse est très souvent réalisé pour vérifier que le bébé tolère bien les premières contractions artificiellement induites.

Indications intrapartum et critères d’alerte

Pendant le travail, le monitoring grossesse permet de suivre la façon dont le bébé supporte les contractions. Il est proposé de façon plus systématique dans les situations suivantes

  • grossesse déjà classée à risque, par exemple diabète, hypertension, RCIU, grossesse gémellaire, antécédent de césarienne
  • travail déclenché ou stimulé par ocytociques
  • analgésie péridurale
  • liquide amniotique teinté de méconium
  • doute sur le bien être du bébé, fièvre maternelle, saignements, anomalies à l’examen clinique

Les principaux signaux d’alerte sur un tracé sont

  • bradycardie, c’est à dire une baisse importante et prolongée de la fréquence cardiaque
  • tachycardie persistante
  • variabilité très diminuée
  • décélérations tardives répétées ou très marquées
  • ralentissements prolongés

Face à ces situations, l’équipe commence par appliquer des mesures simples comme changer la position de la mère, ajuster l’ocytocine, hydrater davantage, parfois donner de l’oxygène selon les protocoles locaux. Si malgré ces ajustements le tracé reste inquiétant, la décision d’accélérer la naissance peut être prise.

Surveillance en fin de grossesse et post terme

Après 40 semaines, et plus encore après 41 semaines d’aménorrhée, la surveillance se fait souvent plus rapprochée. Elle associe

  • consultations plus fréquentes
  • monitorings de 20 à 30 minutes pour vérifier la vitalité fœtale
  • échographies de croissance, mesure du liquide amniotique, parfois Doppler des artères ombilicales

En post terme, la question centrale est la suivante. Le placenta fonctionne t il encore suffisamment bien pour oxygéner le bébé. Si certains paramètres commencent à se dégrader, l’équipe peut proposer un déclenchement sans attendre.

Facteurs de risque demandant un suivi rapproché

Certaines situations conduisent à multiplier les contrôles de surveillance fœtale.

  • Diabète gestationnel. Le bébé peut être plus gros, avec un risque de macrosomie, ou au contraire présenter des variations de croissance en fonction de l’équilibre glycémique.
  • Préeclampsie ou hypertension. Le placenta peut être moins performant, ce qui expose davantage à une souffrance fœtale en fin de grossesse ou pendant le travail.
  • RCIU authentifié. Le bébé, plus petit que prévu, dispose de moins de réserves pour affronter le stress des contractions.
  • Grossesse multiple. Le partage du placenta, la discordance de croissance, la prématurité potentielle imposent une vigilance accrue.
  • Anomalies placentaires. Un placenta praevia ou des signes de décollement partiel font redouter des hémorragies et une baisse de l’oxygénation fœtale.

Dans ces contextes, le monitoring grossesse est souvent couplé à des échographies de croissance, à des Doppler artériels, parfois à un profil biophysique fœtal plus complet, afin de choisir le moment le plus opportun pour déclencher ou laisser évoluer spontanément.


Comment se déroule le monitoring

Monitoring externe : cardiotocographie et déroulement pratique

Le monitoring externe est celui que la plupart des parents découvrent en premier. Concrètement

  • vous êtes installée allongée, semi assise ou sur le côté
  • deux capteurs sont maintenus par des ceintures sur l’abdomen
  • l’un capte le cœur du bébé grâce aux ultrasons
  • l’autre enregistre l’activité utérine et les contractions
  • le tracé se dessine en continu sur un écran ou sur une bande de papier

Pour un contrôle ante partum, l’enregistrement dure généralement 20 à 30 minutes. Si le bébé dort au moment du branchement, le tracé peut sembler assez plat. Il est alors fréquent de prolonger un peu ou de demander à la mère de changer de position, de boire un verre d’eau fraîche. Pendant le travail, le monitoring peut être quasi continu ou réalisé par séquences, selon le contexte.

Monitoring interne : électrode de scalp et cathéter intra utérin

Le monitoring interne offre des données plus précises, mais il est plus invasif et donc réservé à des situations ciblées. L’équipe y a recours lorsque

  • le tracé externe est difficile à analyser, par exemple chez une mère en surpoids ou avec un bébé très mobile qui fait perdre souvent le contact
  • il est nécessaire de mesurer très finement la force des contractions, notamment quand de l’ocytocine est perfusée
  • la situation fait redouter une hypoxie fœtale et que des informations plus fiables sont nécessaires pour décider de la suite

Deux dispositifs existent

  • une électrode de scalp, petite électrode posée sur le cuir chevelu du bébé après rupture des membranes
  • un cathéter intra utérin, fine sonde glissée à l’intérieur de la cavité utérine pour mesurer directement la pression des contractions

Ces gestes impliquent un examen vaginal et des règles d’asepsie très strictes. Ils ne sont utilisés que lorsque le bénéfice attendu pour la sécurité de la mère et du bébé semble supérieur aux risques, comme une petite plaie superficielle sur le cuir chevelu, une infection, ou exceptionnellement une complication utérine liée au cathéter.

Préparation et placement des capteurs

Pour vivre plus sereinement un monitoring grossesse, quelques détails pratiques peuvent vraiment faire la différence.

  • Choisir des vêtements amples, faciles à relever pour dégager le ventre.
  • Signaler tout inconfort particulier comme des douleurs de dos, de bassin, des difficultés à rester longtemps allongée. La position pourra être adaptée.
  • Demander si une position sur le côté ou semi assise est possible, ce qui est très souvent le cas.

Le personnel ajuste parfois plusieurs fois les capteurs pour obtenir un bon signal. N’hésitez pas à dire si une ceinture serre trop ou si une position devient douloureuse. Mieux vous êtes à l’aise, plus le tracé sera fiable.

Durée, fréquence, conditions et mobilité pendant le monitoring

La durée d’un monitoring grossesse varie beaucoup.

  • Avant le travail, pour un simple contrôle, 20 à 30 minutes suffisent le plus souvent. En cas de doute, la séance peut être prolongée.
  • En fin de grossesse à risque, plusieurs monitorings par semaine peuvent être proposés.
  • Pendant le travail, un monitoring intermittent est parfois suffisant, avec des périodes d’enregistrement entre lesquelles vous pouvez bouger davantage. Dans d’autres cas, le tracé continu est préféré.

La mobilité reste possible, même avec des capteurs, surtout si la maternité dispose de systèmes sans fil. S’asseoir sur un ballon, se mettre sur le côté, se redresser sont souvent compatibles avec un tracé de bonne qualité. N’hésitez pas à demander ce qui est envisageable, notamment si vous craignez de rester longtemps allongée.


Interpréter le tracé et reconnaître les signaux

Rythme cardiaque fœtal : plage normale, bradycardie et tachycardie

La première chose que l’équipe observe sur un monitoring grossesse est la ligne de base, c’est à dire la fréquence moyenne du cœur du bébé sur plusieurs minutes. Les repères classiques sont les suivants

  • rythme normal entre 110 et 160 battements par minute
  • bradycardie en dessous de 110 sur une durée prolongée
  • tachycardie au dessus de 160 de manière persistante

Une bradycardie ou une tachycardie isolée n’indique pas forcément un danger immédiat. Une bradycardie transitoire peut par exemple être liée à une contraction particulièrement forte ou à une position maternelle qui comprime un peu les vaisseaux. La signification dépend du contexte clinique, de la variabilité de la courbe, de la présence ou non d’accélérations et de la forme des décélérations.

Variabilité du tracé

La variabilité correspond aux petites oscillations naturelles du tracé autour de la ligne de base. Elles reflètent la maturité du système nerveux du bébé et sa bonne oxygénation. On distingue généralement

  • une variabilité absente ou quasi nulle, qui devient préoccupante si elle se prolonge et s’associe à d’autres anomalies
  • une variabilité modérée, la plus fréquente et la plus rassurante
  • une variabilité très marquée, qui reste la plupart du temps bénigne mais doit toujours être replacée dans le contexte clinique

Un tracé avec bonne variabilité et quelques accélérations est considéré comme rassurant dans la grande majorité des situations.

Accélérations : un signe de bon confort

Les accélérations sont des hausses transitoires de la fréquence cardiaque du bébé, qui reviennent ensuite à la ligne de base. Chez un bébé à terme, on parle classiquement d’une augmentation d’au moins 15 battements par minute pendant 15 secondes ou plus.

Elles surviennent souvent lorsque le bébé bouge. C’est d’ailleurs pour cela que lors d’un test non stress (NST), on vous demande parfois d’appuyer sur un bouton à chaque mouvement ressenti. La présence d’accélérations est l’un des signes les plus fiables de bonne tolérance fœtale, car elle montre que le système nerveux du bébé répond bien, que le placenta assure correctement l’apport en oxygène et que le cœur s’adapte.

Décélérations : précoces, variables, tardives

Les décélérations correspondent aux ralentissements transitoires de la fréquence cardiaque. Leur signification dépend de leur forme, de leur profondeur, de leur répétition et de leur timing par rapport aux contractions.

  • Les décélérations précoces commencent et se terminent en même temps que la contraction. Elles sont souvent liées à la compression de la tête du bébé quand il descend dans le bassin. Dans un travail qui progresse, elles sont généralement peu inquiétantes.
  • Les décélérations variables ont une forme irrégulière et peuvent apparaître avant, pendant ou après la contraction. Elles sont fréquemment liées à une compression du cordon ombilical. Si elles sont peu profondes et peu fréquentes, l’équipe se contente de surveiller. Si elles deviennent répétées, profondes ou prolongées, des mesures sont mises en place, comme changer la position maternelle ou envisager certaines techniques comme l’amnio infusion dans des centres spécialisés.
  • Les décélérations tardives débutent après le sommet de la contraction et se terminent après. Elles peuvent traduire une insuffisance placentaire et un manque d’oxygène pour le bébé, surtout si elles se répètent et s’associent à une variabilité réduite. C’est l’un des profils qui amènent les équipes à se montrer très vigilantes.

Signes d’alerte et actions immédiates

Un tracé est jugé non rassurant lorsqu’on observe

  • une bradycardie prolongée
  • des décélérations tardives nombreuses ou très profondes
  • une variabilité quasi absente associée à d’autres anomalies
  • une alternance de ralentissements prolongés et de tachycardie

Dans ces cas, les soignants appliquent une démarche très codifiée. Ils vérifient d’abord le matériel, repositionnent les capteurs, changent la position maternelle, hydratent, réduisent ou arrêtent l’ocytocine si les contractions sont trop rapprochées. Si nécessaire, ils renforcent la surveillance avec un monitoring interne ou des examens supplémentaires. Si malgré tout l’état du bébé semble se dégrader, la priorité devient d’organiser une naissance rapide.

Exemples de tracés et décisions associées

Quelques scénarios typiques peuvent aider à visualiser.

  • Un tracé montrant un rythme autour de 130, une variabilité présente, de nombreuses accélérations et pas de décélérations inquiétantes oriente vers une simple poursuite de la surveillance et du travail par voie basse.
  • Un tracé avec un rythme à 105, une variabilité faible et peu d’accélérations incite à une surveillance rapprochée. L’équipe cherche des causes maternelles éventuelles, comme une déshydratation ou certains médicaments, et se donne un délai court pour réévaluer la situation.
  • Un tracé avec décélérations tardives répétées malgré le changement de position, la réduction de l’ocytocine et une bonne hydratation amène souvent à décider d’accélérer l’accouchement. Si la tête est déjà très basse, une extraction instrumentale peut être envisagée. Si le col est encore peu dilaté, la césarienne devient la solution la plus rapide.

Monitoring pendant le travail

Monitoring continu et auscultation intermittente selon le risque

Pendant le travail, la stratégie de surveillance dépend du niveau de risque.

Pour une grossesse classée à faible risque, de nombreuses recommandations internationales privilégient l’auscultation intermittente. Elle suffira le plus souvent à repérer une modification nette du rythme cardiaque tout en laissant une grande liberté de mouvement. Le monitoring grossesse peut alors être utilisé ponctuellement, par exemple en début de travail ou en cas de doute.

Pour une grossesse à risque, comme un RCIU, une préeclampsie, un déclenchement sous ocytocine, une tentative d’accouchement par voie basse après césarienne, un liquide teinté, le monitoring intrapartum continu devient un allié précieux. Il permet de suivre seconde après seconde la réaction du bébé aux contractions, de repérer plus finement un tracé qui se dégrade, d’ajuster rapidement les thérapeutiques.

Les grandes revues scientifiques Cochrane montrent néanmoins que dans les grossesses à bas risque, le monitoring continu n’améliore pas nettement la mortalité périnatale par rapport à l’auscultation intermittente, mais s’accompagne d’un taux plus élevé de césariennes et d’extractions instrumentales. D’où l’importance d’adapter la stratégie à chaque situation plutôt que de tout standardiser.

Impact du monitoring sur les décisions d’accouchement

Le monitoring grossesse a un poids important dans les décisions obstétricales. Lorsque le tracé est bien rassurant et que le travail avance, l’équipe se sent confortée pour poursuivre par voie basse, même si le rythme du travail est un peu lent. À l’inverse, un tracé franchement pathologique, non amélioré par les mesures conservatrices, conduit à discuter d’une naissance plus rapide.

Deux grandes options existent selon le stade du travail

  • L’extraction instrumentale, par forceps ou ventouse, quand la tête du bébé est suffisamment descendue et que le col est complètement dilaté.
  • La césarienne en urgence, lorsque le col est encore peu ouvert ou que la situation ne permet pas une extraction par voie basse dans un délai compatible avec la sécurité du bébé.

Là encore, le tracé ne décide pas tout seul. L’examen clinique, l’état général de la mère, l’avancée du travail, le contexte global entrent en ligne de compte.

Particularités en cas de péridurale

Avec une péridurale, le monitoring grossesse continu est très fréquent. Plusieurs raisons à cela. La femme ressent parfois moins finement ses contractions, certains médicaments peuvent influencer légèrement la fréquence cardiaque maternelle et fœtale, et l’équipe préfère disposer en permanence d’indicateurs fiables sur la tolérance du bébé. Cela ne signifie pas que la situation est forcément compliquée. Il s’agit plutôt d’une vigilance accrue, adaptée à un contexte où les sensations sont en partie modifiées.

Protocole d’intervention face à une anomalie du tracé

Face à un tracé qui inquiète pendant le travail, la démarche suit souvent les mêmes grandes étapes.

  1. Vérifier la technique, s’assurer qu’il ne s’agit pas simplement d’un mauvais contact des capteurs ou d’un artefact lié à un mouvement soudain.
  2. Changer la position de la mère, en privilégiant par exemple un décubitus latéral gauche qui améliore le retour veineux et la perfusion placentaire.
  3. Réduire ou arrêter l’ocytocine si les contractions sont trop rapprochées, ce qui laisse moins de temps au bébé pour se réoxygéner entre deux contractions.
  4. Hydrater la mère, traiter une éventuelle hypotension, une fièvre, ajuster certains médicaments.
  5. Renforcer la surveillance, voire poser une électrode de scalp ou un cathéter intra utérin si besoin.
  6. Si malgré tout le tracé reste très préoccupant, organiser une extraction rapide par voie basse ou une césarienne.

Monitoring ante partum : tests et scores

Non stress test : principe et interprétation

Le test non stress (NST), ou test de réactivité fœtale, est un enregistrement du rythme du bébé en dehors du travail, généralement en troisième trimestre et souvent chez les femmes avec facteurs de risque.

Son déroulement est relativement simple. Vous êtes installée confortablement, des capteurs sont posés sur le ventre comme pour un monitoring classique, et l’enregistrement dure 20 à 40 minutes. On note la fréquence cardiaque du bébé et ses mouvements. Parfois, on vous donne un petit boîtier pour appuyer sur un bouton dès que vous sentez votre bébé bouger.

L’interprétation repose sur la présence ou non d’accélérations en lien avec ces mouvements.

  • Un test dit réactif montre plusieurs accélérations bien nettes, ce qui indique une bonne réactivité et une oxygénation satisfaisante.
  • Un test dit non réactif signifie qu’il y a peu ou pas d’accélérations. Cela ne traduit pas forcément une souffrance. Il peut simplement s’agir d’un moment de sommeil profond. L’équipe choisira alors soit de prolonger le test, soit de le répéter, soit de compléter par une échographie ou un autre examen.

Profil biophysique fœtal

Le profil biophysique fœtal est un examen combiné qui associe un NST et une échographie. Il évalue cinq paramètres, chacun noté 0 ou 2.

  • La réactivité de la fréquence cardiaque au monitoring.
  • Les mouvements du corps du bébé.
  • Le tonus, c’est à dire la capacité à fléchir et étendre ses membres.
  • Les mouvements respiratoires fœtaux que l’échographiste peut voir comme de petits mouvements du thorax.
  • La quantité de liquide amniotique.

Un score de 8 à 10 sur 10 est considéré comme très rassurant. Un score de 6 est intermédiaire et conduit souvent à reprogrammer un contrôle rapproché. Un score de 4 ou moins met davantage en alerte et peut amener à envisager un déclenchement ou une césarienne en fonction du terme et du contexte maternel.

Fréquence du monitoring ante partum selon le risque

La fréquence à laquelle un monitoring grossesse est pratiqué en ante partum dépend directement du profil de chaque femme.

  • Dans une grossesse sans complication, aucun NST systématique n’est pratiqué. Il peut être proposé ponctuellement en fin de grossesse ou en cas de doute clinique.
  • Dans une grossesse à risque, comme en cas de diabète, d’hypertension, de RCIU, de grossesse multiple ou d’antécédents obstétricaux, des NST et profils biophysiques peuvent être réalisés une ou deux fois par semaine à partir du troisième trimestre.

L’objectif est clair. Repérer un bébé qui commence à se fatiguer et planifier le meilleur moment pour déclencher ou intervenir, avant que la situation ne se dégrade.

Rôle du monitoring ante partum dans la réduction du risque périnatal

Les études montrent que, chez les femmes présentant des facteurs de risque, le monitoring ante partum permet de mieux identifier les fœtus vulnérables, d’organiser une prise en charge néonatale adaptée et de limiter certaines complications graves comme l’hypoxie sévère ou les convulsions néonatales.

En revanche, chez les femmes à bas risque, l’utilisation systématique de ces tests n’apporte pas de bénéfice net démontré sur les grands indicateurs de santé du nouveau né. C’est pour cette raison que les sociétés savantes insistent sur une utilisation ciblée, réservée aux contextes où la probabilité de problème est vraiment plus élevée.


Outils et technologies du monitoring

Cardiotocographe et tocodynamomètre

Le cardiotocographe associe un capteur pour le cœur du bébé et un tocodynamomètre pour les contractions. Ses atouts sont multiples. Il fournit un enregistrement continu, permet de visualiser précisément la relation entre chaque contraction et les variations du rythme cardiaque, et offre la possibilité d’archiver les tracés pour les relire ou les confronter à d’autres examens.

Ses limites existent aussi. Il est sensible aux artefacts liés aux mouvements maternels ou fœtaux, au mauvais contact des sondes. L’interprétation peut se révéler délicate, notamment dans les tracés intermédiaires. S’ajoute un risque de faux positifs. Des tracés jugés inquiétants conduisent parfois à une césarienne alors que le bébé va finalement très bien à la naissance.

Doppler fœtal, stéthoscopie électronique et alternatives ponctuelles

Pour une surveillance ponctuelle, que ce soit pendant une consultation de grossesse ou dans les premières heures du travail, la sage femme ou le médecin peut se contenter d’utiliser un Doppler fœtal portatif ou un fœtoscope. Ces outils permettent d’écouter le cœur du bébé, d’apprécier sa régularité, sans avoir un enregistrement continu sur papier.

Ils sont particulièrement adaptés aux situations à bas risque, où l’objectif est surtout de vérifier la présence et la régularité du rythme sans multiplier les interventions.

Dispositifs internes et technologies complémentaires

Les dispositifs internes, comme l’électrode de scalp et le cathéter intra utérin, offrent une précision supérieure. L’électrode enregistre le rythme cardiaque directement au contact du cuir chevelu du bébé, ce qui limite les pertes de signal. Le cathéter mesure de façon fiable la pression intra utérine et donc l’intensité réelle des contractions.

Des technologies complémentaires se développent, comme l’analyse du segment ST de l’électrocardiogramme fœtal ou certaines formes d’électrocardiographie non invasive. Elles visent à mieux identifier les épisodes d’hypoxie, mais leur utilisation reste pour l’instant réservée à des centres spécifiques et fait encore l’objet d’évaluations.

Innovations : télémonitoring, wearables, appareils grand public et IA

Les innovations autour du monitoring grossesse se multiplient. Certaines maternités proposent du télémonitoring, avec des appareils prêtés aux futures mères qui réalisent leur tracé à domicile. Les données sont ensuite transmises à distance à l’équipe médicale, via une plateforme sécurisée.

Des dispositifs dits wearables, des capteurs souples collés sur l’abdomen reliés à une application, sont également en développement. Parallèlement, des appareils grand public, disponibles sur internet, permettent d’écouter les battements du bébé à la maison. Ils peuvent donner une impression de contrôle, mais comportent aussi un risque de fausse réassurance ou, au contraire, d’anxiété inutile si le son est mal perçu.

Enfin, des algorithmes d’intelligence artificielle sont testés pour aider à l’analyse automatique des tracés, détecter des profils atypiques et alerter plus tôt les équipes. Ces systèmes ne remplacent pas l’expertise humaine, mais peuvent servir d’outil complémentaire, surtout dans les structures très sollicitées.

Fiabilité des appareils et qualité des données

La qualité d’un monitoring grossesse dépend étroitement de plusieurs éléments. La bonne calibration des appareils, le placement correct des capteurs, la formation des soignants à la lecture des tracés, la prise en compte des artefacts et des interférences sont autant de paramètres qui influencent la fiabilité de ce que vous voyez apparaître sur l’écran.

C’est pour cela qu’un tracé anormal est presque toujours recontrôlé. On repositionne les capteurs, on compare au contexte clinique, on demande parfois une deuxième lecture à un collègue ou on complète par une autre méthode, externe ou interne.


Surveillance à domicile et télémonitoring

Fiabilité et limites du monitoring à domicile

Le télémonitoring consiste à réaliser chez soi un enregistrement similaire à celui d’un service de maternité, avec un matériel prêté ou installé par l’hôpital, puis à envoyer les données aux soignants.

Cela peut très bien fonctionner lorsque le matériel est de qualité médicale, que la patiente a reçu une vraie formation pratique et que l’équipe dispose de procédures pour lire rapidement les tracés. Les bénéfices sont évidents dans certains cas de grossesse à risque nécessitant des contrôles fréquents, surtout si la femme habite loin de la maternité.

Les limites sont importantes aussi. Les signaux peuvent être plus difficiles à analyser si la pose des capteurs est hésitante ou si la position varie beaucoup. Les faux positifs sont possibles, avec des tracés en apparence inquiétants alors que le bébé va bien. Des faux négatifs existent également. Surtout, le télémonitoring ne remplace pas une consultation en cas de symptôme alarmant comme des saignements ou une diminution nette des mouvements fœtaux.

Critères de sélection pour un monitoring à domicile

Le monitoring grossesse à domicile n’est pas proposé à toutes les femmes. Il est généralement réservé à des situations où

  • la grossesse comporte un risque réel qui justifie une surveillance rapprochée
  • la situation est assez stable pour que le domicile reste un environnement sûr
  • il existe une organisation claire, avec des professionnels disponibles pour analyser les tracés et rappeler rapidement si quelque chose inquiète
  • la future mère se sent à l’aise avec le matériel et comprend précisément dans quels cas elle doit se rendre sans attendre à la maternité

Avantages du monitoring à domicile

Les avantages sont faciles à imaginer. Beaucoup moins de déplacements, moins de temps passé dans les salles d’attente, la possibilité de programmer un monitoring grossesse à un moment où vous êtes disponible, dans un environnement que vous connaissez. Pour certaines femmes, cela permet d’augmenter la fréquence des contrôles sans épuiser toute l’organisation familiale.

Inconvénients et risques

Les inconvénients ne sont pas négligeables. Un retard de prise en charge peut survenir si la lecture des tracés est différée ou si la future mère hésite à appeler malgré des symptômes. Certaines peuvent devenir très anxieuses devant le moindre changement de courbe, sans pouvoir l’interpréter. Des inégalités d’accès au télémonitoring existent aussi selon la connexion internet, le niveau de maîtrise du numérique, la situation sociale.

Enfin, la dépendance à la technologie peut masquer l’essentiel. Les sensations corporelles, la perception des mouvements du bébé, l’apparition de douleurs ou de saignements ne doivent jamais être minimisées sous prétexte qu’un tracé paraît rassurant.

Exigences pratiques pour un télémonitoring sécurisé

Pour qu’un programme de télémonitoring soit sécurisé, plusieurs conditions doivent être réunies. Un protocole écrit, expliquant la durée de chaque enregistrement, la fréquence des contrôles, les situations d’alerte. Une formation pratique à la pose des capteurs avec démonstration et vérification. Un numéro de téléphone clairement identifié à appeler en cas de doute. Une plateforme informatique sécurisée, respectant la confidentialité des données médicales.

Et surtout, un message répété. Si vous avez des symptômes inquiétants, vous contactez immédiatement la maternité ou les urgences, sans attendre la lecture à distance du tracé.


Avantages, limites et preuves scientifiques

Bénéfices cliniques attendus

Le monitoring grossesse a profondément transformé la surveillance des accouchements et des fins de grossesse à risque. Ses bénéfices principaux sont les suivants. Il permet de repérer plus tôt certains signes de souffrance fœtale, de choisir un moment adapté pour déclencher ou accélérer la naissance, de mieux surveiller les grossesses compliquées comme le RCIU, la préeclampsie, le diabète ou les grossesses multiples.

Les grandes sociétés savantes, comme la FIGO, l’ACOG, la SOGC, le CNGOF, la HAS, jugent son apport particulièrement intéressant dans les contextes à haut risque, lorsque la probabilité de complication est déjà élevée.

Limites et effets indésirables possibles

Les grandes analyses, notamment les revues Cochrane, mettent néanmoins en évidence certaines limites. Chez les femmes à bas risque, le monitoring continu pendant tout le travail n’apporte pas d’amélioration nette de la mortalité périnatale par rapport à l’auscultation intermittente, mais augmente le taux de césariennes et d’extractions instrumentales.

Les tracés intermédiaires, ni franchement rassurants ni clairement pathologiques, sont fréquents et laissent une marge d’interprétation variable selon l’expérience de l’équipe. Ils peuvent générer des décisions agressives par excès de prudence, ou au contraire une attente qui se prolonge trop.

Risques liés au monitoring invasif

Le monitoring externe est généralement considéré comme très sûr. Le monitoring interne, lui, expose à quelques risques, même s’ils restent rares. Une infection maternelle ou fœtale, une petite plaie sur le cuir chevelu là où l’électrode est posée, des complications utérines exceptionnelles liées au cathéter. C’est pour cela que ces techniques sont utilisées de façon ciblée, lorsque l’information apportée peut vraiment modifier la stratégie de prise en charge.

Résumé des preuves et controverses

Globalement, les études convergent sur quelques points forts. Le CTG continu n’apparaît pas comme un outil miraculeux pour toutes les femmes en travail spontané à terme, surtout si la grossesse est à bas risque. Il pourrait diminuer la fréquence de certaines complications rares, comme les convulsions néonatales, mais au prix d’un plus grand nombre d’interventions.

À l’inverse, dans les grossesses à risque, lors d’un déclenchement, en cas de RCIU, de préeclampsie, de diabète mal équilibré, la balance bénéfice risque du monitoring grossesse se montre bien plus favorable. L’enjeu reste donc d’utiliser ce puissant outil de manière ciblée et réfléchie, plutôt que de l’appliquer indistinctement à tout le monde.

Limites méthodologiques des études

Beaucoup d’études sur le monitoring datent de plusieurs décennies. Les pratiques ont évolué, tout comme la formation des soignants et les autres aspects de la prise en charge obstétricale. Les grossesses les plus surveillées sont aussi celles qui cumulent le plus de facteurs de risque, ce qui peut brouiller les analyses.

De plus, l’interprétation du tracé reste en partie subjective. Deux équipes différentes peuvent ne pas classer de la même manière un tracé limite, ce qui influence les décisions et donc les résultats observés. Le monitoring grossesse doit donc être compris comme un outil d’aide à la décision qui vient enrichir le jugement clinique, et non le remplacer.


Recommandations et bonnes pratiques

Recommandations internationales et nationales

Les grandes organisations comme l’OMS, la FIGO, l’ACOG, le NICE, le CNGOF ou la HAS dégagent plusieurs messages forts.

  • Dans les grossesses à faible risque, l’auscultation intermittente pendant le travail suffit souvent et limite le recours excessif aux césariennes.
  • Dans les situations à risque, la surveillance électronique fœtale par monitoring grossesse est privilégiée, surtout si un déclenchement ou une stimulation par ocytociques est en cours.
  • La formation des professionnels à l’analyse des tracés est un enjeu majeur pour diminuer les fausses alertes et mieux repérer les vrais signaux inquiétants.
  • En présence d’un tracé franchement pathologique, la réactivité de l’équipe est déterminante pour limiter les conséquences.

Pour les parents, un point ressort clairement. Il est tout à fait légitime de demander à l’équipe pourquoi tel mode de surveillance est proposé plutôt qu’un autre et ce que cela implique concrètement pour la suite.

Algorithmes cliniques et actions en cas d’anomalie du tracé

La plupart des recommandations classent les tracés de monitoring grossesse en trois catégories. Tracé rassurant, tracé intermédiaire, tracé pathologique.

  • Un tracé rassurant conduit à poursuivre le travail tel qu’il se déroule, avec une attention standard.
  • Un tracé intermédiaire incite à mettre en place des mesures conservatrices, à corriger les facteurs modifiables et à réévaluer la situation dans un délai court.
  • Un tracé pathologique persistant amène à décider d’une naissance plus rapide.

Mesures conservatrices avant une intervention

Avant d’envisager une césarienne ou une extraction instrumentale, l’équipe met en œuvre des mesures non invasives, qui améliorent souvent la situation.

  • Changer la position de la mère, en privilégiant le côté gauche ou des positions qui soulagent la compression des gros vaisseaux.
  • Diminuer ou arrêter l’ocytocine si les contractions sont trop fréquentes, pour redonner du temps au bébé pour se réoxygéner entre deux contractions.
  • Hydrater par voie intraveineuse, traiter une éventuelle fièvre, prendre en charge une baisse de tension liée à l’anesthésie.
  • Réévaluer les médicaments administrés et les adapter si besoin.

L’oxygène donné à la mère n’est plus utilisé de manière systématique dans toutes les maternités, mais peut conserver une place dans certains protocoles locaux.

Indications d’intervention urgente

Une intervention urgente, césarienne ou extraction instrumentale, est envisagée lorsque plusieurs éléments convergent. Tracé très inquiétant qui ne s’améliore pas malgré les mesures conservatrices, bradycardie prolongée, disparition de la variabilité, décélérations profondes et répétées, contexte obstétrical défavorable comme hémorragie, suspicion de rupture utérine ou de décollement placentaire.

Le choix entre césarienne et voie basse instrumentale dépend alors de l’avancée du travail, de la position du bébé, de l’état maternel et de la rapidité avec laquelle on peut raisonnablement espérer obtenir la naissance.


Situations particulières

Monitoring en cas de grossesse multiple

En cas de jumeaux ou de triplés, la surveillance est naturellement plus fréquente. L’équipe suit la croissance de chaque bébé, la quantité de liquide de chacun, la répartition du placenta. Les Doppler ombilicaux et cérébraux sont souvent utilisés pour affiner l’évaluation.

En fin de grossesse, les monitorings sont plus réguliers. Pendant le travail, l’enjeu est d’identifier séparément les deux tracés de cœur pour ne pas confondre les fréquences des jumeaux. Selon la position des bébés, les antécédents maternels, la taille estimée, un projet d’accouchement spécifique est élaboré, avec parfois une césarienne programmée, parfois une tentative de voie basse.

Monitoring et retard de croissance intra utérin

En cas de retard de croissance intra utérin (RCIU), le bébé est plus vulnérable car il dispose de réserves plus limitées. La surveillance associe des échographies de croissance répétées, des Doppler, des monitorings et souvent des profils biophysiques.

L’objectif est d’identifier le moment où la balance bascule. Tant que la croissance reste acceptable, que les Doppler sont corrects et que le monitoring grossesse est rassurant, la grossesse se poursuit sous surveillance étroite. Dès que plusieurs paramètres se dégradent, la discussion sur un déclenchement ou une césarienne est engagée, en tenant compte de l’âge gestationnel et du poids estimé.

Monitoring et diabète gestationnel

Le diabète gestationnel nécessite à la fois un suivi maternel des glycémies et un suivi fœtal plus attentif. La croissance peut être excessive, augmentant le risque de macrosomie, mais certains bébés sont au contraire plus fragiles. L’échographie évalue la taille, le périmètre abdominal, la quantité de liquide amniotique.

En cas de diabète mal équilibré ou associé à d’autres facteurs de risque, les monitorings en fin de grossesse deviennent plus fréquents. L’équipe discute souvent d’un déclenchement plus précoce, pour éviter que le bébé ne dépasse un poids rendant l’accouchement par voie basse plus complexe.

Monitoring et prééclampsie ou hypertension maternelle

Dans la préeclampsie ou l’hypertension gravidique, le risque concerne à la fois la mère et le bébé. Le placenta peut souffrir, la tension artérielle peut monter, certains organes maternels être atteints. La surveillance associe monitorings réguliers, Doppler des artères utérines et ombilicales, contrôles de tension, analyses sanguines, recherche de symptômes neurologiques ou de douleurs abdominales.

Le rôle du monitoring grossesse est ici d’alerter sur une éventuelle dégradation de la vitalité fœtale, pour ne pas repousser trop longtemps un accouchement devenu nécessaire pour protéger la mère comme l’enfant.


Conseils pratiques pour les patientes

Questions à poser à l’équipe

Face à un monitoring grossesse, il est tout à fait légitime de poser des questions simples, directes, centrées sur votre situation. Par exemple

  • Pourquoi ce type de surveillance fœtale est il proposé dans mon cas.
  • Le monitoring sera t il continu ou intermittent, et pendant combien de temps.
  • Quels éléments sur le tracé vous rassurent pour mon bébé.
  • Quels signaux vous alerteraient et que feriez vous si vous les observiez.
  • Existe t il des possibilités de pauses, de changement de position, d’options plus mobiles comme un monitoring sans fil.

Vous avez le droit de recevoir des explications claires, de demander qu’on reformule avec des mots plus simples si besoin et de participer activement aux décisions.

Préparation à un monitoring

Pour aborder plus sereinement un monitoring grossesse, quelques points pratiques peuvent aider.

  • Porter des vêtements confortables, faciles à ouvrir sur le ventre.
  • Apporter votre dossier de grossesse, vos derniers résultats d’examens, vos comptes rendus d’échographie.
  • Prendre de quoi boire et éventuellement un petit encas si la séance doit être un peu longue.
  • Venir avec un proche si cela vous rassure et si les règles du service le permettent.

Interpréter simplement un résultat et demander des explications

Face au tracé, il n’est pas nécessaire de tout décoder. Quelques questions ciblées suffisent souvent.

  • Le rythme de base de mon bébé est il dans la plage normale.
  • Observez vous des accélérations qui montrent qu’il réagit bien.
  • Y a t il des ralentissements qui vous inquiètent.
  • Êtes vous plutôt rassurés par ce que vous voyez pour le moment.

L’équipe peut vous montrer les deux lignes. Celle du haut pour le cœur du bébé, celle du bas pour les contractions. Les grands repères à garder en tête restent simples. Un rythme entre 110 et 160, une variabilité présente, des accélérations, peu ou pas de décélérations inquiétantes.

Soutien émotionnel et gestion de l’anxiété

Un monitoring peut être vécu comme un moment très technique, voire stressant. Les alarmes sonores, les chiffres, les courbes, tout cela peut susciter beaucoup de questions. Il peut être utile de

  • dire à voix haute ce que vous ressentez aux soignants, pour qu’ils adaptent leurs explications
  • demander que l’on commente de temps en temps le tracé, avec des mots simples, pour ne pas laisser votre imagination combler les silences
  • pratiquer une respiration lente et profonde, par exemple inspirer sur quatre temps, expirer sur six, pour apaiser votre système nerveux
  • écouter une musique douce si le service l’autorise, ou vous concentrer sur une visualisation positive de votre bébé

En cas d’angoisse persistante ou de vécu difficile de la grossesse ou de l’accouchement, vous pouvez aussi demander à rencontrer un psychologue périnatal, un professionnel très habitué à accompagner ces questionnements.


À retenir

  • Le monitoring grossesse est un outil de surveillance qui enregistre le cœur du bébé et les contractions pour apprécier son bien être fœtal et la tolérance du travail.
  • Il s’intègre dans un suivi global qui tient compte du contexte maternel, des échographies, des facteurs de grossesse à risque comme le diabète, la préeclampsie, le retard de croissance intra utérin (RCIU) ou la grossesse multiple.
  • L’interprétation d’un tracé repose sur plusieurs éléments. Rythme de base, variabilité, accélérations, forme des décélérations, fréquence et intensité des contractions. Certains profils sont rassurants, d’autres demandent une vigilance intermédiaire, d’autres encore conduisent à intervenir rapidement.
  • Les études montrent que le monitoring continu n’apporte pas de bénéfice net dans toutes les situations, mais se révèle particulièrement utile dans les contextes à risque et lors des déclenchements. L’auscultation intermittente garde toute sa place pour les grossesses simples.
  • Le télémonitoring et la surveillance à domicile peuvent améliorer le confort et l’accessibilité, mais nécessitent un matériel adapté, une organisation solide et une information claire sur les limites de ces outils.
  • Qu’il soit réalisé à l’hôpital ou à domicile, le monitoring grossesse ne remplace jamais votre ressenti, notamment pour les mouvements de votre bébé, les douleurs, les saignements ou tout symptôme inhabituel.

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Les questions des parents

Le monitoring est‑il douloureux ou inconfortable pour la mère ou le bébé ?

Rassurez‑vous : la plupart des monitorings externes ne sont pas douloureux. Les capteurs posés sur le ventre et les ceintures peuvent être gênants si l’on reste longtemps dans la même position, mais l’équipe peut ajuster la pose, desserrer une sangle ou changer la position pour améliorer le confort.
Le monitoring interne (électrode de scalp, cathéter intra‑utérin) est plus invasif : il nécessite la rupture des membranes et un examen vaginal, peut laisser une petite marque superficielle sur le cuir chevelu du bébé et comporte des risques rares (infection). Ces techniques ne sont utilisées que lorsque l’information qu’elles apportent est jugée plus importante que l’inconfort ou le risque. N’hésitez pas à dire ce que vous ressentez : on peut souvent adapter la prise en charge pour limiter la gêne.

Les appareils grand public (Doppler à la maison, wearables) sont‑ils fiables et peut‑on s’en servir pour se rassurer ?

Ces appareils peuvent aider à entendre les battements et à se sentir connecté à son bébé. En revanche, ils ne remplacent pas une surveillance médicale : la qualité des signaux varie beaucoup, il y a des faux positifs (bruits interprétés à tort) et des faux négatifs (un cœur difficile à capter) qui peuvent générer une fausse tranquillité ou une anxiété inutile.
Si vous utilisez un dispositif à domicile, considérez‑le comme complémentaire à votre ressenti : gardez en tête que la diminution des mouvements fœtaux, des douleurs inhabituelles ou des saignements demandent toujours un contact rapide avec un professionnel, même si l’appareil semble « normal ». Parlez‑en avec votre sage‑femme ou votre médecin pour savoir si un usage ponctuel vous est conseillé et dans quelles limites.

Le monitoring peut‑il prévenir les complications pendant la grossesse ?

Le monitoring ne « prévient » pas toujours les causes des complications, mais il permet souvent de détecter précocement des signes de détresse fœtale ou de dégradation placentaire. Détectés à temps, ces signes donnent la possibilité de réagir (mesures conservatrices, surveillance renforcée, déclenchement ou extraction) pour limiter les conséquences.
Autrement dit, il améliore les chances d’une prise en charge adaptée quand il y a un problème, surtout dans les grossesses à risque, mais il ne supprime pas tous les risques. Pour réduire globalement les complications, le monitoring doit s’inscrire dans un suivi global (contrôles médicaux réguliers, échographies, surveillance des mouvements fœtaux) et une bonne communication avec l’équipe soignante.

Une sage-femme réalise un monitoring grossesse à domicile sur une future maman dans son salon

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